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Le projet SGN-150
La SGN a été fondée vers la fin du 19ème siècle dans une période de forte confiance au progrès scientifique et technique avec un horizon sans limite d’accumulation continue des savoirs. La société actuelle bénéficie indéniablement des apports de ce progrès. La prise de conscience du revers de la médaille est récente. Toutefois, les aménités et les nuisances liées aux avancées scientifiques et technologiques ne sont pas perçues de la même façon par tous les citoyens à un instant donné. L’Homme découvre peu à peu que le sentiment, un moment dominant, de pouvoir façonner son environnement, est illusoire, tel un mirage.
La démarche proposée ici est de réfléchir aux motivations qui ont poussé aux agissements connus durant ces 150 ans, puis d’utiliser cette réflexion pour se projeter vers le futur, au moins proche. Pour cela, quelques questions guident cette démarche :
- On connaît mieux les ressources minérales nécessaires et les limites des gisements. Comment en optimiser les usages et en minimiser les impacts négatifs ? Est-il encore possible de valoriser d’anciens déchets ?
- Comment préserver les ressources en eau avec des contraintes acceptables et respectées ?
- Comment utiliser l’espace de façon à conserver la dynamique naturelle du territoire et permettre la cohabitation d’usages complémentaires plutôt que concurrents ?
- Comment valoriser le géopatrimoine constitué de sites naturels mais aussi de réalisations humaines qui apportent des valeurs additionnelles ?
- Comment, aujourd’hui, tenter de trouver un équilibre qui converge avec celui de la dynamique naturelle de notre planète ?
Deux journées de réflexion, en salle et sur le terrain, doivent contribuer à faire de tout citoyen un acteur d’actions responsables, dont il faudra dresser un bilan en… 2170.
Le projet SGN150 se propose également de mener des actions spécifiques dans les quatre domaines définis ci-dessus, à savoir : l’eau, les matériaux, le territoire, le géopatrimoine.
L’eau est un élément essentiel à la vie, avec l’air, la terre et le feu. C’est un agent actif de la dynamique planétaire qui transporte la chaleur et les matériaux, sculpte les reliefs et permet les réactions chimiques les plus intimes.
Selon G. de Marsily, membre de l’Académie des Sciences, la quantité d’eau qui circule d’un réservoir à l’autre (océan mondial, atmosphère, sol/sous-sol/êtres vivants) devrait suffire aux usages que l’Homme en fait. Toutefois, la répartition de l’eau à la surface du globe est très inégale, variant sous les interactions du climat, de la géologie et de la dynamique planétaire. Les populations ne sont pas préférentiellement assemblées là où elle est plus accessible. Il s’ensuit de perpétuels risques de conflits entre voisins (individus, collectivités). La situation est aggravée par une dégradation qualitative d’usage. L’eau ne véhicule pas que des éléments chimiques sous forme dissoute, des particules ou des fragments (minéraux, graviers), elle permet aussi la circulation passive ou active des organismes vivants. Vecteur de transport, elle favorise les échanges entre sites géographiques. L’Homme utilise aussi abondamment cette capacité de transport.
Pour le géologue, l’eau est une roche, présente sur Terre sous les trois états (solide, liquide, gaz). Sa forte réactivité lui fait échanger des éléments chimiques avec tous les corps qu’elle touche. De ce fait, elle peut être polluée, voire toxique. Par le biais de ses activités très diversifiées, la société l’utilise beaucoup pour ses propriétés chimiques exceptionnelles et contribue à dégrader les masses d’eau en mouvement. Il a ainsi fallu inventer d’autres traitements pour la requalifier ; leur efficacité ne peut être que partielle, les réservoirs naturels n’étant pas fermés. L’importance des moyens financiers mis en jeu n’évite pas la lente dégradation cumulative des masses d’eau, alors que la préservation de leur qualité est essentielle à l’équilibre sanitaire et à la survie de tous les êtres vivants.
Malgré une position plutôt favorable en milieu tempéré océanique, très peuplé et industrialisé, le Nord de la France, consomme plus d’eau que le cycle naturel global ne peut lui en fournir. La distribution fonctionnelle naturelle du territoire en bassins versants ne correspond pas aux morcellements politiques et administratifs mis en place pour gérer l’usage et le transit de l’eau. Le citoyen perd la valeur de ce bien commun aussi fugace que vital. Il faut lui donner les outils pour qu’il puisse participer efficacement à la gestion du cycle de l’eau.
Programme des actions menées en partenariat sur le thème "EAU"
Le terme matériau désigne une substance naturelle ou artificielle utilisée par l’Homme pour fabriquer un objet. Ce thème Matériaux s’intéresse aux matières premières naturelles minérales, leurs gisements, leur utilisation manufacturière, et aux déchets issus de leur transformation, de leur usage et de leur fin de vie.
Tout matériau naturel doit être extrait de son milieu, purifié, éventuellement traité avant utilisation. La nécessité, l’opportunité, la curiosité et l’esprit d’initiative ont guidé les nombreux essais/erreurs par lesquels l’Homme a exercé ses compétences et développé son industrie. Du silex employé brut, puis de plus en plus travaillé, jusqu’à la fabrication de matériaux composites actuels, l’Homme a accumulé savoirs et savoir-faire dans de nombreuses directions :
- Bâtir des constructions et apprendre qu’il en faut examiner soigneusement les conditions d’implantation.
- Travailler les sols pour favoriser les productions agricoles et découvrir les limites nécessaires à de tels traitements par rapport à la biodiversité (dont l’espèce humaine).
- Inventer des procédés de destuction contrôlée de matériaux pour en extraire l’énergie stockée naturellement, mais non renouvelable, e.t déterminer un usage pour les déchets inhérents à cet usage
- Imaginer et fabriquer des produits non durables, complexes, dont certains même, ne répondent à aucun besoin spontané. Considérer ces objets après usage comme un minerai complexe d’un type nouveau.
- Prendre conscience du volume croissant des déchets accumulés à ce jour et de leurs conséquences nuisibles pour l’ensemble de la biodiversité, et rechercher des solutions locales et concrètes pour réduire ces accumulations.
Chaque pratique ayant son bon et son mauvais côté, la meilleure façon de limiter les effets négatifs induits par un usage quantitativement croissant ne peut être que de responsabiliser le citoyen sur l’emploi et le devenir des matériaux sur le long terme.
Programme des actions menées en partenariat sur le thème "MATERIAUX"
L’Homme de Biache, le plus ancien fossile humain du territoire régional (celui de la SGN), est daté d’environ 180 000 ans. Son campement de chasse installé au bord de la Sensée, devait être une taïga, voire même une toundra. Quelques 60 000 ans plus tard, dans la plaine de la Scarpe s’accumulaient des végétaux témoignant d’un climat comparable au nôtre, générateurs de tourbe. Encore 60 000 ans et les Néanderthaliens qui ont campé près d’Hermies, près du futur canal Seine-Nord Europe, vivaient dans un climat glaciaire, se protégeant des vents porteurs de loess, venus de la banquise qui couvrait le terres et mers au nord d’une ligne Londres-Amsterdam.
Il y a 2 000 ans, le Fleuve Manche avait déjà cédé la place à un bras de mer. C’est alors que les Romains envahissaient une Gaule boisée dans laquelle ils découvraient des chemins rectilignes, hors d’eau, que les Gaulois entretenaient de façon apparemment correcte pour l’époque. L’apprentissage des zones favorables à l’habitat, aux mobilités, a été long. C’est d’abord l’agriculture, et donc le début d’un déboisement, qui a marqué l’empreinte de l’Homme sur les paysages. Réciproquement, la découverte du risque d’inondations dans ses variantes a contraint l’Homme à corseter les cours d’eau les plus menaçants, à creuser des fossés de décharge, à dériver des écoulements naturels pour protéger tel ou tel site, à poser des barrages.
Le pavement de pierre a ouvert les voiries à des charges de plus en plus lourdes, et le transport fluvial restait la voie plus sûre. Il a fallu attendre le XIXe siècle pour voir le chemin de fer tisser une toile dans tout le pays, bientôt suivi par la route gravillonnée avant d’être macadamisée. Dans un pays au relief si peu contrasté, le paysage n’était plus une contrainte, ni sur l’habitat, ni sur le déplacement. L’agriculture, l’urbanisme et l’industrie ont grignoté la forêt, les zones humides, modifiant de façon diffuse mais globalement sensible les circulations d’eau de surface, entraînant des transferts de produits polluants vers les masses d’eau souterraines.
Il est grand temps de redécouvrir la dynamique naturelle du territoire, de remédier à ce qui peut être corrigé, d’adopter une attitude résiliente face aux effets de la variabilité climatique, en responsabilisant tant le citoyen que l’organisme vis-à-vis de l’aménagement.
Programme des actions menées en partenariat sur le thème "TERRITOIRE"
La cathédrale d’Amiens, l’Hôtel de Ville d’Arras, le château de Coucy, le blockhaus d’Eperlecques, la Fosse Ledoux à Condé/l’Escaut, la Manufacture de Saint-Gobain sont des éléments du patrimoine. Nul ne le conteste. Leurs matériaux proviennent de carrières, elles-mêmes éléments de patrimoine. De même que les écosystèmes qui se recomposent dans ces anciennes carrières, ou les artefacts de St-Acheul, ou la maison engloutie de Victor Hugo à Ault. Tout aurait-il donc valeur patrimoniale ? Oui parce que cette valeur qui pèse dans tant d’argumentaires (autant pour réaliser un projet que pour ne pas le réaliser) ne vaut rien en soi : elle dépend du regard de qui examine la situation. Elle est subjective par essence. Comment donc peut-on construire une politique patrimoniale, cohérente et respectueuse des intérêts contradictoires et qui soit un support d’arbitrages ?
Au fil des ans, la France se dote d’un arsenal juridique supposé aider à la co-existence d’activités qui, pour un gestionnaire, peuvent paraître indépendantes les unes des autres, mais de fait interagissent toutes aux yeux du naturaliste. Aucune trace n’est indélébile ; les effets d’une intervention peuvent être différés, dans l’espace comme dans le temps. La gestion de la ressource en eau est l’exemple le plus simple à comprendre, mais il vaut pour toute ressource naturelle, y compris un paysage.
Sur la planète Terre, la biodiversité connaît un foisonnement qualitatif (espèce humaine comprise) et quantitatif qui, à première vue ne peut que conduire à un blocage, tant les espèces sont interdépendantes. Les biologistes disent que le genre Homo est le seul à être doté de raison. L’instinct de survie ayant nécessité une attitude prédatrice, l’Homme a pu démontrer que sa raison l’a conduit à développer des aptitudes à observer, à imaginer, à se projeter dans le temps. Ce qui lui a donné un avantage considérable sur les espèces avec qui il partageait déjà la capacité à faire et à fabriquer. La survie du citoyen du XXIe siècle nécessite une forte prise de conscience du patrimoine accumulé au cours des temps passés, et une réflexion approfondie sur l’étendue des possibles. Il faut pour cela mobiliser la capacité de chaque citoyen à se responsabiliser.
Programme des actions menées en partenariat sur le thème "GEOPATRIMOINE"